Concours

Noble est ce projet de vouloir sauver une sœur. Peut-être trop noble pour le caractère un peu décalé de cette fille. Une fille de seize ans qui recherche un avocat pour défendre sa sœur est une noble cause, me disais-je. Une jeune fille ambitieuse, qui plus est. La porte qui mène aux locaux de la police scientifique n’est pas grande ouverte. Mais c’est fou ce que cette Ema Skye me fait penser à Maya. Pour le côté gaffeur, je veux dire. Remarque, tant mieux. Maya commence à me manquer, deux mois après son départ.

Mais les ressemblances avec Maya ne s’arrêtent pas là. Lana Skye, la sœur d’Ema, est le procureur général de la circonscription. En gros, avocate, comme Mia. Encore une ressemblance entre Ema et Maya. Cependant, Mia ne m’avait jamais tourné le dos ainsi. Lana avait commencé à parler au mur derrière elle avant de daigner nous regarder.

Ce qui m’a frappé à cet instant, c’est qu’un chose était sûre : Lana Skye était une très belle femme. Elle le serait peut-être plus si elle ne ressemblait pas tant à un glaçon. Elle parlait d’une voix douce, mais autoritaire. Du genre de ceux qui sont habitués à donner des ordres. Mais aussi, sa voix, tout comme son visage, était totalement dénué d’expression.

Tout ce que je sais, c’est que Lana est accusée de meurtre, et qu’il y a un témoin. Qui, où, quand, comment, pourquoi ? C’est pour apprendre tout ça que je suis ici, devant elle, au centre de détention.

Après un court silence, Lana prend la parole :

- Il y a quelque chose que vous devez savoir avant tout.

- C-C’est-à-dire ?

- La suspecte de cette affaire est passée aux aveux.

- Ah ? fais-je machinalement.

- M-mais ! s’écrie Ema. Mais la suspecte… C’est… C’est…

- … Moi. Je suis coupable. … Eh bien, M. Wright ?

- Eh bien… Pourquoi ne pas commencer par m’expliquer en détail ce qu’il s’est passé ?

Bien sûr, je viens à peine de digérer sa déclaration. Je commence à sentir un nœud à l’estomac. L’idée de défendre un client coupable ne m’enchante pas, et il ne faudra pas compter sur moi pour le faire. En plus, elle me fait peur à dire qu’elle est coupable avec cet air complètement vide d’émotion. Mais bon, je la laisse continuer.

- Le crime a eu lieu hier, le 21 février, à 17H15.

- C’est très précis.

-C’était dans la déposition du témoin. Un témoin m’a parfaitement vue commettre ce crime.

J’avais beau déjà le savoir, le nœud que j’ai à l’estomac ne s’en fait que plus ressentir.

- Le meurtre a été commis dans le parking du bureau du procureur, continue-t-elle. Le corps a été retrouvé dans le coffre de la voiture de mon subalterne. J’ai été arrêtée sur le champ. Prise la main dans le sac, en quelque sorte.

- Je vois… Et qui était la victime ?

- Un enquêteur du commissariat. Je crois que le terme exact est « inspecteur ». Il est mort suite à une hémorragie. Il a reçu un coup de couteau dans le ventre. Le décès n’a pas été immédiat, mais la blessure a été fatale.

- Je vois…

-Permettez-moi de me répéter, M. Wright. La victime était inspecteur. Vous savez ce que ça signifie, n’est-ce pas ?

J’ai cru que mon estomac allait se rompre.

- Quoi ? M. Wright ? s’écrie Ema. Qu’est-ce que ça signifie ?

- Eh bien, ça signifie que…

- … Pour la police, c’est une question de fierté que je sois déclarée coupable. Ils ne reculerons devant rien pour arriver à leurs fins.

Le côté dramatique apporté par le manque d’expression sur le visage et dans la voix de Lana n’est pas indispensable. Le fait qu’à chaque nouvelle information, cette affaire devient de pire en pire suffit

J’ai essayé de détourner la conversation sur des choses plus joyeuses plus d’une fois, mais sans succès. Pas une émotion ne traversa le visage de Lana. La conversation approchait de sa fin quand Lana me s’adressa à moi, l’air plus inexpressif que jamais.

- Alors, M. Wright ? Comme vous pouvez le voir, j’avoue ma culpabilité. Je crois qu’il est plus prudent pour vous de dire que vous ne pouvez en aucun cas accepter cette affaire.

Ema se raidit, comme électrocutée par les paroles de sa sœur, puis eut l’air anéanti.

- Tu… Tu as toujours été comme ça, pas vrai ? Tu ne penses jamais qu’à toi-même. Je sais que tu es innocente, Lana, je le sais ! Alors… Alors comment peux-tu affirmer l’avoir tué ?! Si je te perds… Je me retrouve seule au monde ! Je… Je te déteste, Lana !

La jeune scientifique en herbe s’enfuit en courant en claquant la porte derrière elle. Je me retourne vers Lana : pas une expression. Pas une réaction. Rien. Un bloc de glace. Elle me tourne le dos et recommence à parler au mur de derrière qui semble porter le même nom que moi :

- M. Wright ? Je crois que notre conversation prend fin ici. Pour ce qui est du reste… Je m’en remet à vous.

- … ! Hum… Dois-je comprendre que vous souhaitez que je vous représente ?

- Mais que ça ne vous empêche pas de dormir ! Votre client a avoué. Affaire classée.

Le père du héros de cette histoire est très vieux et, depuis quelques années, n'est malheureusement plus rien d'autre, pour imager, qu'un légume.
Cela prend à son fils énormément de temps de s'occuper de lui, qui n'a plus aucune conversation.

C'est d'autant plus rageant que si son père mourrait, un coquet héritage l'attendrait derrière un coffre dont la combinaison n'est connue que du notaire.

Il décide finalement de tuer son père.

Une jeune femme qui se suicide après une rupture amoureuse, quoi de plus triste ? Surtout quand un jeune homme qui en était tombé amoureux considère que c'est son ex-fiancé le fautif, et décida de maquiller la scène et de fournir un faux témoignage afin de le faire arrêter pour meurtre.
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que trois ans plus tard, alors que celui-ci purgeais une peine pour un crime qu'il n'avait pas commis, il mourut dans une bagarre de prison.
Et il n'avait pas prévu non plus que le frère du défunt voulait tant venger son frère qu'il avait toujours su innocent...