Remains of the day

Je me souviens encore de ce doux parfum que tu portais. Il sentait le muguet. Tu avais tellement plus que moi. Tu étais jolie, gentille, sympathique, tête de mule, énervante et serviable. Tu avais tant de qualité, mais aussi tant de défaut. Je me rappelle encore de nos jeux dans la cour de récré. Nous étions mordues de sorcellerie, et lorsque nous nous rejoignions au sport, tu me montrais toujours de nouvelles compositions. "Infusion de pétales de rose" disais-tu, enjouée, en y ajoutant "si tu le bois, tout les garçons alentour tomberons amoureux de toi !". Les pétales flottaient doucement à la surface du breuvage, l'eau était trouble... "Tu n'en bois pas ?" et je répondais "Il nous faut un cobaye !". Nous étions voisines en classe. Tu avais toujours le sourire aux lèvres, et tu avais toujours de meilleures notes que moi... Pendant les cours, nous sortions de nos casiers nos "tubes à essais", nos "éprouvettes". Et lorsque la cloche sonnait, nous nous ruions dehors, courant vers la porte rouge et abîmée des toilettes pour filles. Nous remplissions d'eau les tubes qui nous servaient pour nos potions, et allions dans le jardinet non loin pour arracher rapidement de l'herbe ou des pétales de fleur.

En ce temps-là, nous étions très proches. Pourtant, à la fin de l'année tu es partie, me laissant seule avec des filles égoïstes, qui voulaient toujours avoir raison. Puis l'école élémentaire passa, la primaire était loin derrière quand nous nous retrouvâmes. Tu avais bien grandi, tandis que moi j'étais restée semblable. Toujours ton sourire joueur sur les lèvres, tu cherchais sans arrêt à me mettre à terre. Une chose ne te plaisait pas ? Alors tu attrapais violemment ma main, et d'une prise que je connaissais fort bien, tu appuyais doucement, m'empêchant de bouger. Je sentais que mon bras et ma main n'allaient pas supporter plus longtemps la douleur, alors je me courbais en arrière, et tombais. "Alors ?" me disais-tu, satisfaite. "Ouais, ouais...je voulais pas dire ça, hein ?" marmonnais-je.

Je ne sais pas si j'étais juste un peu maso, ou si j'aimais te chercher, mais je continuais. Tu te souviens pour ton anniversaire ? Toi, ta dite "jumelle" , et moi sommes allées dans le bar à quelques pas du collège. "JOYEUX ANNIVERSAIRE !" criais-je. Nous mangions avec appétit des paninis au Nutella, ce jour-là. Je m'en souviens. Très bien même.

Depuis ce jour, nous nous sommes retrouvées, et la magie appelée "hasard" avait bien opéré.

Un an passa. Cette fois, les portes s'ouvraient à nous. Bien sur, tu savais qu'on n'allait jamais se retrouver dans la même classe... A ce moment-là, tu t'étais éprise pour un garçon plus âgé. Tu l'aimais à la folie, ça crevait les yeux. Tu m'en avais parlé pendant toutes les vacances d'été. Je voyais bien que tu voulais qu'il soit à tes côtés. Pendant plusieurs mois, tu attendais qu'il vienne, qu'il t'aime, que vous soyez ensemble. Je croisais les doigts pour toi. Mais peu à peu, tu ne me dit plus rien. J'avais l'impression d'être un jouet. On l'aime, on joue avec, et puis, un jour, il y en a un nouveau, et on laisse le jouet au fond du coffre. J'étais ce jouet. Tu sortais avec ce garçon. Je l'apprenais très tard... Et puis, un jour... en janvier il me semble, tu as laissé un mot quelque part, que tout le monde pouvait lire. Tu étais triste... Je voyais que tout le monde savait, mais moi, je ne savais pas... Qu'avais-je fait ? Je te demandais "Que se passe-t-il ?". Tu ne répondais jamais. Tu esquivais ou tout simplement tu disais "Je n'ai pas envi d'en parler.".

Je désespérais. Pourquoi ? POURQUOI ?! Avais-je donc perdu cette place ? Qu'avais-je fait ? Je décidais donc de te dire se que MOI je ressentais. J'ai pleuré, toi aussi. Puis finalement tu m'as raconté. Je t'ai redonné espoir. Toi qui disais "tu vas dire comme les autres", tu fus contente que je sois de ton avis. Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre. Pour toi, du moins.

Nos chemins se séparent. Tu as choisi ta vie, moi j'ai choisi la mienne. J'ai choisi une vie lamentable, cherchant juste mon bonheur, en étant dans mon élément, car tu sais se qu'il se passe dans la tête. Toi, tu as choisi ce garçon, la seule personne qui peut t'apaiser.....

Nous nous sommes séparées après cette dispute, sur l'Histoire des Noces Funèbres... C'est tout se dont je me souviens.

Fin