Steins;Gate

Octobre 2013, le petit Xin, néophyte dans cet univers qu'est la japanimation, finissait l'adaptation animée de Steins;Gate premier du nom. Tout comme les critiques dithyrambiques et le reste du public, il a adoré.

Une claque sur la joue gauche.

La série gagnait un nouveau fan, un fan comblé par l'intrigue complexe et son thème du voyage dans le temps (un genre qu'il affectionne beaucoup) plutôt osé sur certains aspects que le titre proposait. Trois ans plus tard, le petit Xin avait pris de la bouteille dans ce milieu chronophage qu'est la japanim, affutant au passage ses goûts et haussant ses standards de qualité. Cela faisait un long moment qu'il n'avait plus touché à Steins;Gate et le film séquelle sorti cette année-là très dispensable faisaient émerger des questions dans sa tête : Steins;Gate est-il vraiment aussi bien que dans mes souvenirs ? N'ai-je pas été influencé par le fait que j'étais novice dans le milieu de la série animée ?
Pour lever ou non ses doutes, le petit Xin profita alors de l'occasion de la version PC du Visual Novel pour s'essayer avec le support d'origine sorti deux ans avant la série animée.

Résultat ? Une nouvelle claque, celle-ci sur la joue droite.

Une lecture avec un œil nouveau lui permettant de voir la rigueur de l'écriture du scénario, du technoblabla scientifique ayant son petit effet et la richesse du background des personnages (enfin pour les principaux, hein, faut pas déconner non plus, certains on attend toujours #Faris #Lukako #Daru).
Mars 2015, une "suite" est annoncée à Steins;Gate, se nommant sobrement Steins;Gate 0. Forcément, après les déceptions du film, le petit Xin appréhendait pas mal cet opus. Difficile pour lui dans sa tête d'imaginer une suite intéressante, apportant réellement quelque chose à cet univers et surtout à la hauteur de son ainé. Novembe 2016, un an après sa sortie japonaise, S;G 0 arriva dans nos contrée. "Pas envie d'attendre l'adaptation animée cette fois-ci !" se dit le petit Xin et il mis la main sur la mouture PS Vita. Avec un mélange d'appréhension et d'excitation, il s'attaqua enfin à la bête. Plusieurs semaines plus tard, après avoir fini à 100% le jeu, il rend son verdict.





Difficile d'aborder le synopsis de S;G 0 sans parler du premier opus. Une petite zone spoiler de la true ending du premier va suivre (puis de toute façon foncez pour regarder/jouer S;G, ne restez pas sur cette critique si ce n'est pas le cas, soyez logique !).

Spoil premier S;G:

Cet opus annonce la couleur : il se veut plus sombre que son ainé. Que ça soit l'ambiance musicale pesante, des décors aux tons plus froids ou un Okabe, cernes marquées, mettant au placard la blouse blanche de son alter-ego "Mad Scientist" Hououin Kyoma pour un ensemble noir. Bon, malgré son personnage principal dépressif, le jeu propose tout de même des scènes plus légères non dénuées d'humour pour alléger le récit. C'est la même recette que S;G sur cet aspect donc les aficionados ne seront pas perdus. C'est ce ton léger plaisant mais frôlant parfois le fanservice aguicheur et l'attape-otaku (coucou Faris) que j'avais regretté sur le premier volet. C'est exactement la même chose pour 0 et c'est encore dommage. Heureusement que la plupart du temps ces scènes "Slice of Life" sont utilisées à bon escient, le fanservice étant plus en retrait, ne gâchant pas vraiment l'expérience de jeu.




S;G 0 aborde de nouveaux thèmes. Le voyage temporel un peu mis en retrait, c'est l'Intelligence Artificielle (AI) du nom d'Amadeus qui sera l'un des moteurs du jeu. Ce dernier n'est pas qu'une simple astuce scénaristique pour faire revenir un personnage d'outre-tombe, c'est aussi une chouette possibilité de renouvellement et d'approfondissement de ce qui a été introduit dans S;G (cette AI est la continuité du phone-wave et de la time-leap machine). Le Reading Steiner d'Okabe, étrange pouvoir qui laissait une flopée de questions sur son origine, profite aussi de l'occasion pour répondre à certaines interrogations mais laissant toujours cette part d'ombre nécessaire.

Cette "sequelle qui en est pas vraiment une" ne fait pas non plus les choses à moitié en ce qui concerne la narration. Là où son ainé apportera quasiment toutes ses informations sur la route principale du jeu avec des fins alternatives qui font pour la grande majorité très "bonus", S;G 0 n'apportera qu'une partie des événements sur sa route principale. Il est alors impératif de s'attaquer aux 5 autres fins disponibles pour cerner l'histoire complexe qui nous est présenté. Ce choix couillu apporte le gros point faible du titre : difficile de s'y retrouver entre toutes ses timeline qui changent parfois du tout au tout (et moins évidentes à discerner !). Cette densité narrative a pour conséquence plusieurs trous scénaristiques et de non-dits qui prêtent à confusion sur la compréhension de certains événements. Là où le premier S;G s'en sortait avec brio, 0 se mêle les pinceaux.

Une autre différence notable est son rythme : comme le premier S;G a doucement posé les bases de son univers (un rythme lent mais nécessaire qui avait fait grincer des dents à l'époque) pour une deuxième partie de l'histoire bien plus soutenue, S;G 0 démarre quant à lui très vite, les twists s'alternant avec des phases plus posées. Le ton est donné, ce jeu se veut plus percutant encore. Avec ces nouveaux enjeux et un contexte bien plus tendu d'emblée, ce rythme montre toute son efficacité.

Le dernier fait notable de narration/écriture qui apporte la différence à ce jeu est le fait que l'on ne suit plus le seul point de vue d'Okabe sur l'histoire. Fini les seules exclusives pensées de notre héros du premier opus, cette fois-ci on aborde de nouvelles scènes sous un autre angle. Okabe a droit à la majorité du temps d'exposition bien entendu mais il arrivera de suivre un autre segment de l'histoire sous la peau de Maho ou de Suzuha. Une prise de liberté très utile et pertinente permettant par la même occasion d'explorer les personnalités des autres protagonistes.

Les personnages parlons-en tiens. Cet opus était aussi l'occasion d'approfondir le background d'anciens personnages et d'en introduire de nouveaux. Le contrat est rempli pour certains : nous avons bien un Okabe plus terre-à-terre, fataliste et sarcastique sous le poids de ses actions, une Suzuha qui développe un aspect familial ou un Daru sur un ton plus sérieux (un petit peu hein, il est toujours aussi gonflant à côté). Le reste de l'ancien cast (les personnages plus secondaires) ne sera là essentiellement que pour faire acte de présence, normal vu le contexte de l'histoire. Maho, nouveau personnage "important", est une bonne réussite, une partie de son intérêt étant sa relation plus ou moins étroite avec Kurisu. Le reste du nouveau casting va du très sympa au sans grand intérêt (le personnage de Fubuki étant l'une de mes déception du jeu, ayant pourtant un petit potentiel non exploité).






Ce qui avait frappé dans le premier Visual Novel, outre son scénario, c'était son visuel et sa composition musicale/sonore irréprochable, résultant une ambiance bizarroïde, lancinante mais terriblement immersive. Le contrat est de nouveau rempli ici, sur un ton bien plus froid qu'à l'accoutumé. Des décors toujours très détaillés couplés à la nouvelle BO et aux nouveaux sons, rythmant tantôt les phases légères et reposantes, tantôt les phases déprimantes et pesantes. C'est une nouvelle réussite à ce niveau qui surpasse peut-être même son ainé.

L'autre surprise du premier jeu était son système de mail sur le téléphone d'Okabe, petit ajout de gameplay très perfectible et jouant un rôle crucial pour atteindre la vraie fin du jeu. Ici c'est un nouveau système, le RINE, bien moins impactant sur l'histoire mais ayant une interface mieux pensée et agréable à l'utilisation (intégrant des petits smileys chibi à l'image des protagonistes plutôt sympathiques il faut l'avouer). C'est un élément mineur mais c'est toujours ça de pris. Enfin les TIPS, mots-clés du jeu listés en option sous forme "d'encyclopédie" à mesure qu'on les débloquent, sont encore présents. Ils permettent une nouvelle fois d'apprécier toutes les références à la pop-culture et les termes techniques/scientifiques (succincts mais passionnants) en détail sans alourdir le rythme du récit.



Mai 2017, le petit Xin avait enfin débouché à sa conclusion : face à l'obligatoire comparaison avec son grand frère et la déception du très dispensable film, Steins;Gate 0 rend honneur aux origines de la série et propose enfin une suite à la hauteur des attentes. Très lié à son ainé mais se permettant de brasser de nouvelles thématiques en renouvelant la formule tout en arborant un ton bien plus sombre qui manquait vraiment au premier, ce S;G 0 est une très bonne extension d'un univers déjà riche à la base, bien que loin d'être dénué de défauts. Le petit Xin aura préféré nettement le premier par son écriture plus simple mais bien plus concise et maitrisée, cependant il n'aura pas boudé son plaisir face à une suite de si bonne qualité.

Est-ce qu'il attend une nouvelle œuvre Steins;Gate ? Il a bien envie de dire non sans hésiter, ce qui a déjà été crée à la base étant suffisamment satisfaisant et le film a bien prouvé ses limites. Mais quand il pose ses mains sur une suite qui a réussi à trouver l'intérêt et la matière de continuer d'étendre la franchise, le petit Xin se pose une nouvelle fois la question ...